Avant de siéger au ministère des Outre-mer, rue Oudinot, Sébastien Lecornu s’était déjà frotté aux enjeux ultramarins. En 2018, alors secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot, il se rend en Guyane.
C’est au moment où la controverse autour du projet minier Montagne d’or bat son plein. Lecornu confirme alors la prise de distance du gouvernement vis-à-vis du dossier.
Un ministre non « ultramarin », mais plutôt présent
En juillet 2020, Emmanuel Macron et Jean Castex, Premier ministre, le nomme ministre des Outre-mer. Une première depuis plus d’une décennie : la personnalité politique en charge des Outre-mer n’est pas elle-même originaire de ces territoires. Lecornu assume cette situation avec une déclaration qui restera comme sa phrase d’entrée en fonction :
« Les territoires d’Outre-mer, ce n’est pas une affaire d’identité, c’est une affaire de cœur… et du cœur j’en aurai… »
À peine nommé, il revient en Guyane, alors que la pandémie de covid-19 frappe durement. Face aux inquiétudes économiques, il promet un soutien massif de l’État :
« Les travaux publics, les bâtiments, les transports… autant de secteurs qui sont très largement dépendants. Et là pour le coup, l’État va mettre des moyens financiers nouveaux et importants pour la Guyane. »
De l’Outre-mer aux Armées, avant Matignon
Entre 2020 et 2022, Sébastien Lecornu effectue trois visites en Guyane en tant que ministre des Outre-mer. En septembre 2021 puis début 2022, il multiplie les annonces : la création d’une sous-préfecture à Saint-Georges, son soutien au projet de la centrale du Larivot, et surtout, la gestion de la crise sanitaire.
« Comme on le fait depuis le début de la pandémie, on cherche à adapter les choses à chaque réalité territoriale de chaque territoire. »
Ces visites lui permettent de se positionner sur des dossiers sensibles. En mai 2023, Sébastien Lecornu effectue ce qui sera sa dernière visite en Guyane, cette fois en tant que ministre des Armées. Il rend hommage à l’adjudant Guy Barcarel, ce piroguier décédé lors d’une opération contre l’orpaillage illégal à Camopi.
Une expérience ultramarine qui renforce les attentes
Ses passages répétés en Guyane, ses prises de position sur la Montagne d’or, la crise sanitaire, ou encore l’aménagement du territoire, ont laissé des traces. Désormais chef du gouvernement, il porte avec lui une connaissance directe des réalités ultramarines — un atout rarement partagé à ce niveau de responsabilité.
Mais cette expérience nourrit aussi des attentes fortes : celles de territoires qui réclament depuis longtemps plus d’écoute, de considération et d’égalité réelle. Les élus, la population guyanaise, comme l’ensemble des populations ultramarines, attendent de voir si l’ancien ministre saura transformer ce vécu en action politique, et si Matignon deviendra enfin une véritable caisse de résonance pour leurs revendications.