Dans un communiqué, le ministère précise que « la non-ouverture d’un concours sur une session donnée ne traduit pas une suppression définitive mais un ajustement temporaire ».
En Guyane, cette décision interroge, tant elle touche à une discipline déjà fragilisée. Actuellement, seulement quatre collèges – Holder, Catayée et Kapel à Cayenne, ainsi que Ho-Ten-You à Kourou – et trois lycées – Michotte à Cayenne, Monnerville à Kourou et Berthène Juminer à Saint-Laurent – proposent l’option créole. Cela représente plus de 300 élèves dans le secondaire, encadrés par seulement trois professeurs certifiés sur tout le territoire.
Pour la société Pindjoko, engagée depuis plusieurs années dans la valorisation de la langue et de la culture créole, et son fondateur Loïs Pindard, il faut changer la vision du créole pour qu'il retrouve sa place dans son enseignement à l'école:
"On voit le créole comme une langue secondaire, or ce n'est pas du tout cela. C'est un vecteur culturel immense, c'est notre langue et ne pas pouvoir l'utiliser dans la vie de tous les jours et dans l'enseignement, c'est un manque."
Cette annonce marque un coup d’arrêt préoccupant dans la reconnaissance institutionnelle du créole et ouvre une débat plus large, continue-t-il :
"Cest une dévalorisation, un recul. [...] C'est une décision qui vient clairement de l'extérieur et qui pose une vraie question : doit-on attendre de la France, du rectorat, une décision pour mettre nos langues en valeur dans l'enseignement ?
Cette suspension temporaire du concours de l'agrégation de créole relance le débat sur la place des langues régionales à l’école et sur la nécessité de former davantage d’enseignants pour garantir la continuité de cet apprentissage. Car au-delà du symbole, c’est tout un pan du patrimoine linguistique et culturel qui risque de s’effriter encore plus si les moyens ne suivent pas.
Le CAPES de créole reste, quant à lui, ouvert pour 2026.
