Mercredi 2 juillet 2025, devant le cimetière de Saint-Laurent-du-Maroni, une banderole noire portait un message sans équivoque : « STOP à l’insécurité routière » et « À la recherche de la vérité », en mémoire d’Anthony Hoarau, décédé à l’âge de 24 ans dans des circonstances que sa famille juge injustement minimisées.
Ce jour-là, en 2020, Anthony est mort percuté par un 4x4, conduit par un homme fortement alcoolisé, sous l’emprise de stupéfiants, sans permis, qui a tenté de fuir, selon la famille. Pourtant, le conducteur n’a jamais été interpellé et 24 mois de prison avec sursis ont été prononcés, l’alcoolémie étant la seule charge retenue, selon les proches.
© F. Mathurin - Radio Péyi
Un sentiment d’impunité judiciaire
Depuis le drame, la famille Hoarau ne cesse d’alerter les autorités. Pour Georges Hoarau, le père d’Anthony, la qualification d’homicide involontaire ne tient pas compte de la gravité des faits :
« Le mis en cause, le jour J, avait 2,93 g d’alcool dans le sang, son permis était en rétention, il a refusé de souffler, il a tenté de fuir… On parle d’un accident ? C’est un acte volontaire. »
Une famille en quête de vérité
Cinq ans plus tard, la blessure est intacte, et la procédure judiciaire semble à l’arrêt. « La justice ne veut pas nous entendre. Que faut-il de plus ? » s’indigne Georges Hoarau :
« Moi, je ne suis pas juriste, mais même en lisant ce dossier, on voit qu’il y a des incohérences. On a saisi le procureur général. Cela fait plus d’un an que nous attendons une réponse. »
« Ce 2 juillet 2020, c’est nous qui avons pris perpétuité », ajoute-t-il, la voix pleine d’émotion.
La reconnaissance récente de l’homicide routier par le Sénat ravive l’espoir d’un nouvel examen du dossier. Ce texte vise à mieux sanctionner les comportements délibérément dangereux sur la route : conduite sous l’emprise de l’alcool ou de stupéfiants, sans permis, délit de fuite... Pour Georges Hoarau, cette évolution législative est essentielle :
« Quelqu’un qui prend le volant dans cet état-là sait qu’il peut tuer. C’est un choix. Un acte volontaire. Tant que ce ne sera pas reconnu comme un homicide, rien ne changera. »
Il dénonce un système qui protège les auteurs. « Ce genre de délit est banalisé. Les familles, elles, sont abandonnées. On est laissés dans la rue avec notre douleur. »
Un combat pour toutes les victimes
Au-delà de leur propre histoire, les Hoarau veulent faire entendre la voix des familles victimes de l’insécurité routière. « Combien d’autres vivent ce qu’on vit ? Le silence, l’injustice, l’oubli. On se bat pour Anthony, mais aussi pour que ça n’arrive plus. »
© F.Mathurin - Radio Péyi
La famille reste mobilisée, déterminée à obtenir la réouverture du dossier et la reconnaissance d’un homicide volontaire, en raison d’antécédents de menaces, affirme le père.
Aujourd’hui, la balle est dans le camp de la justice. La famille a adressé un courrier au procureur général, demandant la réouverture de l’enquête à la lumière des nouvelles dispositions législatives et des éléments inexploités du dossier.
« On demande juste à être entendus. Pas plus. Relisez le dossier. Ouvrez les yeux sur ce qu’il s’est passé. » conclut Georges Hoarau.
Voici un encadré "Le saviez-vous" informatif et accessible, à intégrer dans votre article ou à publier en parallèle :
Le saviez-vous ?
L’homicide routier, bientôt une réalité dans la loi française
Jusqu’à présent, la mort d'une personne causée par un conducteur sous l’emprise de l’alcool, de stupéfiants ou sans permis était qualifiée d’homicide involontaire, comme un accident.
En 2025, le Sénat a adopté une proposition de loi pour créer un nouveau délit : l’homicide routier. Cette nouvelle qualification permettrait de nommer clairement les actes commis avec une prise de risque consciente, comme :
- la conduite en état d’ivresse ou sous stupéfiants ;
- les délits de fuite après accident ;
- la conduite sans permis ou malgré une interdiction.
Objectif : renforcer les peines encourues et reconnaître la responsabilité pleine et entière des conducteurs dangereux.
Cette évolution vise aussi à mieux reconnaître les droits des victimes et de leurs familles, qui se sentent souvent oubliées par la justice.
Pour les associations de victimes, ce changement est une avancée majeure : "On ne meurt pas dans un accident, on est tué par une personne qui a fait le choix de conduire en toute illégalité."